Mediatization, polarization, and intolerance (between environments, media, and circulation)

Bernard Miège 226 de médiatisation, et en me projetant seulement dans l’avenir que je peux m’interroger sur les questions soulevées par ce Sé- minaire centré sur les intolérances et les incivilités (en rapport avec l’avancée des réseaux sociaux numériques). Si je ne mets pas en doute les faits relevés, voire leur émergence parfois bru- tale et souvent imprévisible, il me faut faire remarquer dès ce long préambule, qu’ils: • Prolongent des phénomènes antérieurs (tels que ceux analysés antérieurement par des psychoso- ciologues avec la théorie dite des rumeurs); • Ne justifient pas la reprise d’une approche tri - viale, et critiquée depuis longtemps, celle des effets supposés des médias, alors que les médias et no- tamment les réseaux sociaux-numériques en tant que dispositifs sociotechniques font l’objet d’une construction sociale (cf. ci-après §1); • Et ne sauraient être pensés comme radicalement nouveaux (ce qui est d’ailleurs rarement la marque des phénomènes sociaux et sociétaux, comme en sont d’ailleurs convaincus la plupart des cher- cheurs en sciences humaines et sociales). On me permettra enfin de citer cette conclusion d’une étude réalisée pour l’Unesco: « La littérature examinée (=550 études datées de 2012 2016) … ne fournit pas de preuves dé- cisives de l’existence d’un lien direct entre les spécificités des médias sociaux et les manifestations de la radicalisation vio- lente (mais cela peut être élargi au cyber-harcèlement et aux fake news , etc. B.M.) chez les jeunes… Plutôt que de susciter des comportements violents ou d’en être la cause, Internet et plus précisément les médias sociaux jouent le rôle d’intermédiaires dans le cadre de processus plus larges de radicalisation violente … en ce qu’ils facilitent l’accès des contenus, des contacts et des comportements… La radicalisation violente … ne se réduit pas l’accès Internet, mais fait généralement intervenir plusieurs processus complexes, notamment des processus socio-psycho- logiques complexes et une communication de personne per- sonne en lien avec d’autres facteurs : sentiments d’injustice, de mise l’écart, d’anomie, de privation… » (Alava, Frau-Meigs et

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